Société
Affaire Bétharram : 48 nouvelles plaintes en préparation, dont une pour viol en réunion

L’affaire Bétharram atteint désormais un seuil inédit. Quarante-huit nouvelles plaintes doivent être déposées ce mercredi au tribunal judiciaire de Pau par le collectif des « anciens du collège et lycée de Bétharram victimes de l’Institution ». Avec ces saisines à venir, le nombre total de signalements atteindrait 200, un chiffre qui témoigne de l’ampleur et de la persistance des violences dénoncées. Les faits rapportés concernent des actes de violences physiques, psychologiques, mais surtout sexuelles, pour certains d’une extrême gravité. L’une de ces nouvelles plaintes relate un viol en réunion, qui aurait été commis par deux prêtres de la congrégation.
Une parole collective structurée autour d’un collectif de victimes
Le collectif joue un rôle central dans la constitution de ce dossier. Il rassemble d’anciens élèves de l’institution Notre-Dame de Bétharram, située à Lestelle-Bétharram dans les Pyrénées-Atlantiques. C’est par son intermédiaire que la grande majorité des plaignants a choisi de déposer plainte, parfois plusieurs décennies après les faits. À travers ce cadre structuré, les victimes peuvent être accompagnées dans une démarche à la fois juridique et mémorielle. Alain Esquerre, porte-voix de ce groupe, indique que « 88 plaintes sont à caractère sexuel. Il s’agit bien de l’affaire de pédophilie la plus importante en France ».
Les nouvelles plaintes livrent des éléments de plus en plus précis sur la nature des violences et sur le fonctionnement interne de l’établissement. Une victime, qui a consigné son témoignage dans une plainte, mais a choisi de ne pas s’exprimer publiquement, décrit un enchaînement de faits graves : des punitions répétées, une tentative de fuite avortée par les gendarmes, un retour contraint à l’internat, puis un viol en réunion commis par deux prêtres. Pour Alain Esquerre, ces nouveaux éléments « prouvent aussi qu’il y avait bien des agissements entre prêtres ».
Trois figures-clés mises en cause
Parmi les personnes visées par les plaintes, trois noms reviennent de manière récurrente. Henri Lamasse, prêtre et enseignant dès 1957, est accusé de violences physiques et sexuelles sur mineurs. Il a été placé en garde à vue en février, mais relâché du fait de la prescription des faits. Patrick M., surveillant laïc ayant exercé dans l’internat dans les années 1980 et 1990, est quant à lui mis en examen pour viols aggravés et placé en détention provisoire. Il aurait également abusé de jeunes dans le cadre de camps organisés par les Scouts unitaires de France. Enfin, Damien Saget, connu sous le surnom de « Cheval » — surnom hérité de la chevalière dont il se servait pour frapper les élèves —, ancien surveillant général de l’établissement, est, lui aussi, accusé d’agressions sexuelles et de maltraitances. Il a été entendu puis relâché, les faits reprochés étant, eux aussi, prescrits.
Une enquête en cours et des suites judiciaires encore ouvertes
L’enquête est pilotée par la police judiciaire de Pau, sous l’autorité du procureur Jérôme Bourrier. Si les 48 dernières plaintes pourraient, elles aussi, être prescrites, Alain Esquerre indique que d’autres dossiers, à venir, concerneront des faits qui ne le seraient pas. La procédure suit donc son cours, sans exclure de nouvelles mises en examen dans les semaines ou mois à venir.
Réactions de l’Église et de la congrégation
L’évêque de Bayonne, Marc Aillet, a exprimé publiquement sa « honte » face à la gravité des faits. Il a reconnu qu’un silence a pu prévaloir et que l’Église devait en tirer les conséquences. La congrégation du Sacré-Cœur de Jésus de Bétharram, qui gérait l’établissement, a annoncé la création d’une commission d’enquête indépendante. Ces réactions ne suffisent toutefois pas à apaiser la colère de certaines victimes, pour qui ces initiatives arrivent trop tard.
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