Immigration : les présidents Macron et Tebboune relancent la coopération entre la France et l’Algérie

Dans un communiqué publié ce lundi 31 mars, la France et l’Algérie ont annoncé la reprise de leur coopération migratoire et sécuritaire. Cet apaisement est lancé alors que l’écrivain franco-algérien Boualem Sansal reste emprisonné à Alger, un dossier qui continue de peser sur les relations bilatérales.

Le président français Emmanuel Macron s’est entretenu par téléphone avec son homologue algérien, Abdelmadjid Tebboune, ce lundi. Selon un communiqué commun publié par Paris et Alger, « les deux présidents ont eu un long échange franc et amical sur l’état de la relation bilatérale et sur les tensions qui se sont accumulées ces derniers mois ». Cette discussion a permis de sceller une volonté de relancer les relations entre les deux pays, après une période marquée par des différends diplomatiques.

Le communiqué précise que les deux chefs d’État « se sont accordés sur le fait qu’une coopération migratoire confiante, fluide et efficace permettant de traiter de toutes les dimensions de la mobilité entre les deux pays devait être immédiatement réinitiée, dans une logique de résultats répondant aux préoccupations des deux pays ». Par ailleurs, une coopération sécuritaire renforcée a été actée, visant à répondre aux enjeux communs tels que la lutte contre le terrorisme et les trafics humains.

Pour concrétiser ces engagements, le garde des Sceaux français, Gérald Darmanin, effectuera prochainement une visite à Alger. Cette démarche vise à instaurer une « coopération judiciaire » plus étroite entre les deux États, selon le communiqué. Cette annonce laisse ainsi entendre que l'intention des deux pays est de surmonter les obstacles récents, notamment en ce qui concerne la situation des ressortissants algériens sous obligation de quitter le territoire français (OQTF).

Alors que la relation bilatérale s’améliore, le sort de Boualem Sansal reste un point sensible. L’écrivain franco-algérien, âgé de 80 ans et atteint d’un cancer, est incarcéré en Algérie depuis novembre 2024. Le 27 mars dernier, il a été condamné à cinq ans de prison ferme par un tribunal algérien. Lors de l’échange, Emmanuel Macron a « réitéré sa confiance dans la clairvoyance du président Tebboune et appelé à un geste de clémence et d’humanité » à son égard, selon le communiqué.

Le différend entre la France et l'Algérie s'est exacerbé au cours des derniers mois en raison de plusieurs dossiers épineux. En juillet 2024, la reconnaissance par Emmanuel Macron de la souveraineté marocaine sur le Sahara occidental a signé la colère d’Alger, qui soutient les indépendantistes du Front Polisario. Les tensions se sont aggravées avec le refus de l’Algérie de reprendre certains de ses ressortissants sous OQTF, notamment l’auteur présumé de l’attentat de Mulhouse en février de cette, dont l’expulsion avait été rejetée à plusieurs reprises. L’incarcération de Boualem Sansal a également contribué à envenimer la situation.

Ce coup de fil et les engagements qui en découlent sonnent comme un virage après des mois de tempête entre les deux pays. La visite annoncée de Gérald Darmanin à Alger, avec la remise en route des accords sur l’immigration, la sécurité et la justice, montre une envie claire de laisser les tensions derrière, même si le sort de Boualem Sansal, toujours derrière les barreaux, reste en toile de fond.

À lire aussi : Japon : un mégaséisme historique pourrait provoquer jusqu’à 298 000 morts