Politique
« Eva Joly a changé mon destin » : Bénédicte de Perthuis, la magistrate engagé derrière la condamnation de Marine Le Pen

Ce lundi 31 mars, Bénédicte de Perthuis, magistrate spécialisée dans les affaires financières, a prononcé une décision historique : Marine Le Pen, cheffe de file du Rassemblement national (RN), a été condamnée à quatre ans de prison, dont deux ferme sous bracelet électronique, et à une inéligibilité immédiate de cinq ans dans l’affaire des assistants parlementaires européens. Cette peine pourrait priver la fille de Jean-Marie Le Pen d’une candidature à l’élection présidentielle de 2027. Mais qui est cette juge de 63 ans, inspirée par Eva Joly, et aujourd’hui au cœur d’une controverse politique ?
Bénédicte de Perthuis n’a pas toujours été magistrate. Diplômée en expertise comptable, elle débute sa carrière dans un cabinet d’audit avant de changer de voie à 37 ans. Dans un podcast de 2020, elle confie : « Comment je suis passée de consultante à magistrate aux affaires familiales en regardant Eva Joly à la télé. » Fascinée par la médiatique juge d’instruction financière, devenue plus tard figure écologiste, elle passe le concours de la magistrature. « Eva Joly a changé mon destin », raconte-t-elle, admirative de son modèle.
Son parcours commence au Havre comme juge aux affaires familiales, avant qu’elle ne se spécialise dans les dossiers financiers. Elle devient alors juge d’instruction à Pontoise, puis intègre la 11e chambre correctionnelle du tribunal de Paris, dédiée aux affaires financières, en tant que juge assesseure.
Une magistrate aguerrie aux affaires sensibles
À 63 ans, Bénédicte de Perthuis a présidé de multiples procès de grande envergure : en 2015, elle condamne Claude Guéant dans l’affaire des primes en liquide au ministère de l’Intérieur ; en 2022, elle dirige le tribunal qui sanctionne Ernest-Antoine Seillière, ex-président du Medef, pour fraude fiscale dans l’affaire Wendel ; en 2024, elle relaxe le ministre Olivier Dussopt, accusé de favoritisme (bien que condamné en appel par la suite). Elle a également jugé un trader angevin surnommé « le Madoff du Maine-et-Loire » pour escroquerie.
Revenue au pôle financier comme juge d’instruction, elle reprend les dossiers du célèbre Renaud Van Ruymbeke après son départ à la retraite, notamment sur les soupçons de corruption liés aux mondiaux d’athlétisme au Qatar. Depuis 2021, elle préside à nouveau la 11e chambre.
« Ici, on n’est pas en politique » : une juge inflexible face à Marine Le Pen
Lors du procès du RN cet automne, Bénédicte de Perthuis a dirigé les débats avec deux juges assesseurs expérimentés. Face aux digressions de Marine Le Pen, elle l’interrompt le 6 novembre 2024 : « Ici, on n’est pas en politique, on est devant un tribunal. » Un ton ferme qui reflète son approche directement hostile à la présidente du groupe RN à l'Assemblée nationale.
Marine Le Pen, elle, n’a pas mâché ses mots après sa condamnation. Elle dénonce « une décision politique pour m’empêcher de me présenter et d’être élue », qualifiant le jugement de « violation de l’État de droit » et ciblant directement la magistrate. « Des pratiques que l’on croyait réservées aux régimes autoritaires », a-t-elle ajouté.
Menaces de mort et soutien institutionnel
Cette décision a engendré des réactions houleuses. En janvier 2025, une enquête est alors ouverte après des menaces de mort publiées sur le site Riposte laïque, visant trois magistrats de l’affaire, dont Bénédicte de Perthuis. Le parquet de Paris condamne : « S’en prendre nommément aux personnes qui incarnent l’institution judiciaire ne saurait être accepté. » Le garde des Sceaux, Gérald Darmanin, renchérit sur X : « Les menaces proférées contre les magistrats sont inacceptables dans une démocratie. »
Non encartée dans un syndicat ou un parti politique, Bénédicte de Perthuis échappe encore aux accusations classiques de partialité. De ses débuts inspirés par Eva Joly à sa condamnation historique de Marine Le Pen, Bénédicte de Perthuis incarne ainsi une justice financière empreinte d'une certaine partialité.
À lire aussi : Marine Le Pen condamnée : retour sur les faits et les répercussions de cette décision judiciaire

12 commentaires
SamuelDelbassee
Je pourrais avoir de la compassion pour elle, mais ça me ferait trop mal !
vert10
Trop de femmes dans la magistrature plus de 70 %. La jalousie féminine fait le reste.
Cette décision, je pense, aura un effet Inverse et ce sera très bien ! Personne n'est dupe.
Guycast
Inutile de savoir le délibère la gauche nous manipule il est temps que les français réagissent leurs bulletins en seront la preuve indéniable !!!
jjleparisien
Cette chose se vante de ses attaches nullissismes et gauchisantes! Elle doit être virée !
vert10
Curieusement une affaire qui concerne l'ue n'est pas jugée par la cour de justice européenne de l'ue .
vert10
« Le Syndicat de la magistrature appelle l’ensemble des magistrates et magistrats, ainsi que toutes celles et ceux qui participent à l’activité judiciaire, à se mobiliser contre l’accession au pouvoir de l’extrême droite. »
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