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[Reportage] À Montpellier, près de 200 agriculteurs mobilisés contre le Mercosur et pour des prix plus justes
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Ce lundi 18 novembre, près de 200 agriculteurs de l’Hérault se sont rassemblés devant les grilles de la préfecture à Montpellier. À l’origine de cette mobilisation : la signature de l'accord de libre-échange entre l’Union européenne et le Mercosur, qui suscite une vive inquiétude chez les paysans. Éleveurs, vignerons et autres exploitants dénoncent une concurrence qu’ils jugent déloyale et s’alarment pour l’avenir de leur métier, tout en proposant des solutions. À leurs côtés, plusieurs personnalités comme Robert Ménard, maire de Béziers, et Charles Alloncle député UDR, étaient présentes.
Le mal-être agricole au cœur des revendications
Devant la préfecture, une vingtaine de panneaux d’entrée de communes ont été accrochés aux grilles, accompagnés d’un mannequin pendu, représentant un agriculteur en détresse. Place de la Comédie, un tracteur a déversé une remorque de fumier avant que des jeunes agriculteurs bâchent la célèbre statue des Trois Grâces. Afin de rappeler l’importance de leur métier, les manifestants ont également organisé une distribution gratuite de pommes, avant de se rassembler à l’Esplanade de l’Europe pour une grillade conviviale.
« Aujourd’hui, les agriculteurs offrent du fumier pour que les Montpelliérains cultivent sur leurs balcons » indique une banderole déposée sur la place de la Comédie à Montpellier pic.twitter.com/iQBm2NpNuK
— Frontières (@Frontieresmedia) November 18, 2024
Comme en janvier, une délégation de la FDSEA et des Jeunes Agriculteurs (JA) a été reçue par le préfet de l’Hérault, François-Xavier Lauch. Lors de son discours au mégaphone, Cédric Saur, secrétaire général de la FDSEA de l’Hérault, a rappelé la profondeur du mal-être agricole. « On a eu le plus grand plan social de notre histoire : on a perdu 1,2 million d’agriculteurs.» a-t-il lancé.
« Aujourd’hui, il n’y a presque plus d’agriculteurs. On a subi le plus gros plan social en 20 ans. On en a perdu 1 200 000 » : la Coordination Rurale s’exprime devant la préfecture de Montpellier.
📍Frontières est sur place. pic.twitter.com/IM3ycAHb2f
— Frontières (@Frontieresmedia) November 18, 2024
L'autre problématique est évidemment celle du Mercosur. Ce projet suscite une vive opposition chez les agriculteurs, qui dénoncent des pratiques jugées incompatibles avec les normes européennes, notamment l’usage d’hormones et de produits phytosanitaires interdits en France.
Une revalorisation de 15 centimes par bouteille de vin
La colère des agriculteurs ne date pas d’hier. En janvier dernier, un millier d’entre eux avaient bloqué l’autoroute A9, près de Montpellier, pour dénoncer une situation économique jugée intenable. « Nos gouvernants ne nous écoutent pas. Ils veulent qu'on en vienne à bout », s'inquiète Thierry, un éleveur héraultais.
Lors de la rencontre avec le préfet François-Xavier Lauch, plusieurs pistes ont été évoquées, notamment une revalorisation de 15 centimes par bouteille de vin pour garantir un prix décent aux producteurs. Le préfet a assuré être sensible à la détresse des agriculteurs et qu'il transmettra les revendications de cette nouvelle révolte paysanne. Si la mobilisation de ce lundi était moins spectaculaire que celle de janvier dernier, elle reflète un désarroi toujours aussi vif face à une situation qui ne s’améliore pas. Les agriculteurs espèrent que leurs actions, même plus modestes, continueront à sensibiliser les décideurs et le grand public.
Pour eux, il ne s’agit pas seulement de défendre leur profession, mais aussi de garantir un modèle agricole respectueux des normes environnementales et des consommateurs. « Nous voulons vivre de notre travail, et nous refusons d’être les victimes d’accords internationaux injustes », a indiqué Rémi Dumas, le président des Jeunes Agriculteurs de l'Hérault.
Alors que les négociations autour du Mercosur se poursuivent, les agriculteurs de l’Hérault préviennent : ils resteront mobilisés et n’excluent pas un retour à des actions plus musclées si leurs revendications ne trouvent pas d’écho.
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