Société
Fitch maintient la note de la France à « AA- » mais avec une perspective négative

L’agence de notation Fitch a maintenu, vendredi 11 octobre, la note souveraine de la France à « AA- », tout en plaçant le pays sous perspective négative. Cette décision signifie que l’agence envisage de potentiellement dégrader la note de la France dans les prochains mois, en raison de l’accroissement des déficits publics et de la dette. Fitch met en garde contre une situation économique préoccupante qui pourrait empirer d’ici 2028, avec une dette publique atteignant 118,5 % du PIB.
Cette perspective négative est un signal d’alarme pour le gouvernement, qui voit se renforcer les risques liés à la politique budgétaire. « Les risques se sont accrus depuis notre dernier examen », indique Fitch dans son communiqué, soulignant que le dérapage budgétaire place la France dans une position de plus en plus délicate. En effet, les révisions à la hausse du déficit pour 2024, qui a bondi de 5,1 % en avril à 6,1 %, ont dégradé la trajectoire des finances publiques. Cela vient aggraver une situation déjà compliquée, alors que le gouvernement français peine à faire face aux contraintes budgétaires tout en maintenant son agenda politique.
Une dette publique alarmante
Fitch anticipe une augmentation de la dette publique française, qui pourrait atteindre 118,5 % du PIB d’ici 2028. Ces prévisions s’accompagnent de doutes quant à la capacité du gouvernement à respecter ses objectifs budgétaires, notamment celui de ramener le déficit public sous la barre des 3 % d’ici 2029. « Nous ne nous attendons pas à ce que le gouvernement respecte ses prévisions révisées de déficit à moyen terme », précise l’agence.
Les raisons de cette méfiance ? Une forte fragmentation politique et un gouvernement minoritaire, qui rendent la mise en œuvre de réformes budgétaires durables de plus en plus difficile. Le gouvernement est en effet confronté à des tensions internes et à une opposition parlementaire qui complique la tâche de redresser les finances publiques.
Réaction du gouvernement
Face à cette annonce, le ministre de l'Économie, Antoine Armand, a déclaré « prendre acte » de la décision de Fitch. Pour Le Figaro, il a toutefois tenu à relativiser la situation en mettant en avant les points positifs soulignés par l’agence, notamment « la force de notre économie, vaste et diversifiée, l'efficacité de nos institutions et notre historique de stabilité macro-financière ». Le gouvernement entend maintenir ses engagements budgétaires et prouver sa capacité à maîtriser l’endettement à travers le projet de budget 2025.
Ce projet de loi de finances (PLF), présenté récemment, prévoit des efforts d’économies à hauteur de 60 milliards d’euros, combinant baisses de dépenses et hausses d’impôts, dans l’objectif de ramener le déficit public à 5 % en 2025. Ces mesures, qualifiées de « relativement inédites » par le président du Haut Conseil des Finances publiques, Pierre Moscovici, devraient permettre de corriger la trajectoire budgétaire de la France, mais restent insuffisantes pour rassurer pleinement les agences de notation.
Les conséquences potentielles d'une dégradation de la note
Si la note de la France venait à être dégradée, les répercussions seraient immédiates. Une telle décision entraînerait une hausse des taux d’emprunt obligataires, augmentant ainsi le coût de la dette française. Déjà, le taux de l’OAT à dix ans, un indicateur clé pour les comparaisons internationales, est plus élevé pour la France que pour des pays comme l’Espagne et le Portugal, autrefois considérés comme plus dépensiers.
Cette situation est d’autant plus préoccupante que Paris a annoncé un programme record de 300 milliards d’euros d’emprunts pour financer le budget de 2025, ce qui risque de peser encore plus lourdement sur les finances publiques.
Après Fitch, l’agence de notation Moody’s rendra son verdict le 25 octobre, suivi de S&P Global le 29 novembre. Ces prochaines évaluations seront cruciales pour l’avenir économique de la France.
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