Société
Dissolution de groupes de supporters : une décision politique qui interroge

Ces dissolutions s’inscrivent dans une volonté affichée du gouvernement de lutter contre la violence dans les stades. Cependant, la décision de cibler ces groupes tout en laissant d’autres mouvances violentes, comme les collectifs d’extrême gauche, intactes, suscite des interrogations.
Une offensive contre les groupes ultras
Le ministère de l’Intérieur a lancé des procédures de dissolution à l’encontre de plusieurs associations de supporters. Officiellement, ces groupes sont accusés de violences, d’attaques contre d’autres supporters ou encore de troubles à l’ordre public. La Brigade Loire, par exemple, a été mise en cause après une invasion de terrain lors d’un match en novembre.
Les Magic Fans et les Green Angels, les deux principaux groupes de supporters de l’AS Saint-Étienne, sont également visés. Ce dernier est d’ailleurs connu pour ses positions antifascistes et proches voire liées à l’extrême gauche stéphanoises, ce qui alimente le débat sur les motivations réelles du gouvernement.
Le Strasbourg Offenders, groupe associé à des violences répétées et à des affiliations néo-nazies, ainsi que la Légion X du Paris FC, impliquée dans des agressions de supporters rivaux, figurent aussi parmi les associations concernées.
Si certaines dissolutions semblent s’appuyer sur des éléments concrets, la mise en cause des groupes ultras historiques comme ceux de Saint-Étienne et de Nantes est plus controversée. Leur rôle ne se limite pas aux tribunes : ils participent activement à la vie du club et au dialogue avec les dirigeants.
Un choix politique critiqué
L’AS Saint-Étienne a rapidement réagi par la voix de son président, Ivan Gazidis, dénonçant une mesure « disproportionnée et inefficace ». Il rappelle que le club a mis en place un dialogue constant avec ses supporters et que leur dissolution pourrait au contraire aggraver les tensions.
« La dissolution ne règle aucun des problèmes et va même en créer de nouveaux », explique une source interne au club. « Sans interlocuteurs identifiés, les incidents risquent d’être plus fréquents et plus difficiles à gérer. »
Sacha Houlié, député spécialiste du supportérisme, dénonce une approche politicienne sur France Info :
« Stigmatiser les supporters de football pour se donner une image de fermeté, c’est une vieille recette. Pourtant, la situation dans les stades s’est améliorée ces dernières années. Dissoudre ces groupes ne va qu’aggraver les choses. »
D’autres dissolutions de groupes politiques ?
Cette vague de dissolutions contraste avec le peu de mesures concrètes contre les collectifs d’extrême gauche à ce jour, malgré leurs liens avérés avec des violences sur des personnes ou en manifestation. Le groupe Jeune Garde, cofondé par le député LFI Rafaël Arnault, continue par exemple d’agir librement pour le moment malgré plusieurs mises en examen pour agressions et incitations à la haine.
Bruno Retailleau, ministre de l’Intérieur, avait évoqué en janvier la possible dissolution de la Jeune Garde. Si aucune procédure officielle de dissolution n’a été lancée pour le moment, le dossier de dissolution du groupe d’extrême gauche serait en cours d’étude par le ministère de l’Intérieur.
Cette différence de traitement suscite malgré tout des critiques au sein de la droite. Certains dénoncent un gouvernement qui cible les ultras sous prétexte de lutte contre la violence, mais qui n’agirait pas assez contre les groupes violents d’extrême gauche qui ont pourtant un historique tout aussi lourd en matière d’agressions.

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