Union-Européenne
4,7 milliards d’euros : L’Union européenne renforce son partenariat avec l’Afrique du Sud sur fond de tensions avec les États-Unis

L’objectif : sécuriser des matières premières stratégiques et renforcer la transition énergétique, au moment où les relations entre les États-Unis et l’Afrique du Sud s’enveniment.
Un accord commercial majeur entre Bruxelles et Pretoria
L’Union européenne poursuit son offensive diplomatique en Afrique. Lors du 8ᵉ sommet UE-Afrique du Sud, organisé ce jeudi au Cap, la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyenet le président sud-africain Cyril Ramaphosa ont annoncé l’ouverture de négociations pour un partenariat commercial et énergétique renforcé.
L’enjeu est de taille pour Bruxelles, qui cherche à sécuriser des ressources stratégiques. L’Afrique du Sud détient 91 % des réserves mondiales de platine, un métal essentiel pour les électrolyseurs et la transition énergétique.
Ursula von der Leyen a souligné : « Vous avez de l’énergie propre en abondance, du vent au soleil. Vous disposez de matières premières essentielles pour les électrolyseurs. »
En contrepartie, Pretoria espère que cet accord facilitera ses exportations vers l’Europe, notamment dans le domaine des carburants d’aviation durables produits par la société sud-africaine Sasol.
Cyril Ramaphosa s’est félicité de cette avancée : « Ce partenariat constituera un excellent forum pour la coopération réglementaire entre l’UE et l’Afrique du Sud. »
L’investissement de 4,7 milliards d’euros annoncé par l’UE comprend 303 millions d’euros de subventions directes. Une initiative qui intervient après le retrait des États-Unis d’un accord de transition énergétique signé en 2021, mettant fin à leur soutien financier pour réduire la dépendance sud-africaine au charbon.
Une relation sous tension avec Washington
En parallèle, les relations entre l’Afrique du Sud et les États-Unis se sont considérablement tendues depuis le retour de Donald Trump à la Maison-Blanche. Ce vendredi, le secrétaire d’État Marco Rubio a déclaré l’ambassadeur sud-africain persona non grata, l’accusant de « haïr les États-Unis et le président Trump ».
La présidence sud-africaine a réagi dans un communiqué, déplorant une décision regrettable tout en réaffirmant sa volonté de maintenir un dialogue avec Washington.
Mais les tensions ne s’arrêtent pas là. Depuis son retour au pouvoir, Donald Trump a coupé les aides américaines à Pretoria et menacé d’exclure l’Afrique du Sud de l’AGOA, un accord commercial privilégié permettant aux pays africains d’exporter sans droits de douane vers les États-Unis.
Ces décisions font suite aux accusations de l’ancien président contre le gouvernement sud-africain, qu’il accuse de discrimination envers les descendants de colons européens. Il a même créé une procédure d’asile aux États-Unis pour les « réfugiés afrikaners ».
En réaction, Elon Musk, lui-même originaire d’Afrique du Sud, a dénoncé les politiques de Pretoria, affirmant que les Blancs sud-africains étaient « victimes de discrimination ».
L’autre point de crispation majeur concerne la politique étrangère. Pretoria a déposé une plainte pour génocide contre Israël devant la Cour internationale de justice (CIJ) en 2023, une initiative fortement contestée par Washington.
L’UE et Pretoria, un rapprochement stratégique
Face aux pressions américaines, l’Afrique du Sud cherche de nouveaux partenaires économiques. L’Union européenne en profite pour renforcer son ancrage en Afrique, notamment sur la question des énergies renouvelables et de l’accès aux matières premières.
Cyril Ramaphosa a insisté : « S’il y a un moment où il est absolument nécessaire de travailler ensemble, c’est bien celui-là. »
Ce partenariat pourrait également s’étendre à d’autres secteurs, comme la production locale de vaccins, alors que la pandémie de Covid-19 a révélé la dépendance de l’Afrique en matière de santé.
L’UE espère également un rôle accru de l’Afrique du Sud dans la médiation du conflit en Ukraine. Ursula von der Leyen a confirmé la venue de Volodymyr Zelensky à Pretoria le 10 avril pour discuter d’un éventuel dialogue avec Moscou.
Prochain rendez-vous : en novembre 2025, lors du sommet du G20, que Johannesburg accueillera. Un événement que Donald Trump pourrait bien bouder, en signe de protestation contre le rapprochement entre l’Afrique du Sud et l’Union européenne.
Un débat qui divise en Europe
Si Bruxelles mise sur ce rapprochement, certaines voix critiquent ce partenariat, notamment en raison de la situation des Afrikaners en Afrique du Sud.
Sur X, la députée européenne Marion Maréchal a dénoncé cet accord, estimant que l’Union européenne devrait avant tout s’inquiéter du sort des descendants européens en Afrique du Sud.
« La première chose dont l’Union européenne devrait se préoccuper en Afrique du Sud, c’est le sort terrible réservé aux descendants d’Européens, victimes de lois discriminatoires, expropriés de leurs terres, pris pour cible et parfois violemment attaqués. »

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