Politique
À Cléon, le maire responsabilise les familles en facturant les dégradations des mineurs

À Cléon, une commune de Seine-Maritime, le maire Frédéric Marche (divers gauche) a pris une mesure inédite pour lutter contre les incivilités commises par des mineurs : faire payer les parents pour les dégradations réalisées par leurs enfants sur les équipements publics. Cette décision, visant à responsabiliser les familles, a été approuvée lors du dernier conseil municipal et s’applique déjà à trois familles de la ville. La mesure, qualifiée d’« autorité sans autoritarisme » par l’édile, suscite des avis partagés parmi les habitants et les élus locaux.
Une politique de « responsabilité » parentale pour le maire
Frédéric Marche a expliqué sa démarche en indiquant que l’objectif est avant tout de responsabiliser les parents sans chercher à les pénaliser financièrement. « Je suis pour l’autorité sans autoritarisme. […] Qu’un élu de gauche prenne ce genre de décision, j’ai bien conscience que ça fait parler », a-t-il confié au Parisien, ajoutant qu’il souhaite éviter toute réduction des prestations sociales comme les versements de la CAF. À Cléon, ville d’environ 5 000 habitants, des incidents impliquant des mineurs se multiplient, allant de portes fracturées à des extincteurs vidés. Les familles concernées sont désormais appelées à rembourser les frais de réparation, avec des modalités de paiement échelonnées afin de ne pas trop les affecter financièrement.
Cette démarche s’applique à titre d’exemple aux familles de jeunes ayant récemment vandalisé un complexe sportif. Les frais, estimés à plusieurs centaines d’euros, sont divisés en paiements échelonnés pour alléger la charge financière. La mairie précise que ce procédé deviendra systématique dès qu’un auteur de dégradations est identifié.
Un débat autour de la méthode
Si la mesure séduit une partie de la population locale, elle divise également. Des habitants comme José, interviewé par Le Parisien, appuient la décision du maire. « Si on laisse passer ces bêtises, ils recommenceront. Et ce sera pire », a-t-il affirmé, estimant que cette politique pourrait dissuader de futures infractions. D’autres, en revanche, s’interrogent sur les conséquences de cette approche. Aoua, mère de famille, propose que les jeunes impliqués dans ces actes puissent plutôt réaliser des travaux d’intérêt général comme alternative aux amendes.
Au sein du conseil municipal, certains élus émettent également des réserves. Ibrahim Dem, conseiller municipal qui s’est opposé à la mesure, s’inquiète d’un éventuel fossé entre la jeunesse et les institutions. « Il faudrait plutôt se concentrer sur l’accompagnement », suggère-t-il, jugeant que les sanctions financières devraient être un dernier recours. Selon lui, des approches plus pédagogiques contribueraient à renforcer les liens entre les jeunes et la société, au lieu de les aliéner davantage.
Une expérimentation qui pourrait inspirer d’autres communes
À Cléon, le choix du maire d’engager les familles à réparer les actes de vandalisme de leurs enfants met en lumière une tentative d’adaptation des mesures de sécurité à l’échelle locale. Cette approche, bien que circonscrite à une petite commune, répond à des attentes croissantes de responsabilisation individuelle dans la lutte contre les incivilités. Avec les préoccupations sécuritaires grandissantes en France, certains élus et collectivités locales pourraient se tourner vers des méthodes similaires pour répondre aux attentes de leurs administrés.
L’initiative reste toutefois entourée de débats, notamment sur le rôle de l’éducation et de la prévention dans la gestion de la délinquance juvénile. Les voix discordantes, comme celle d’Ibrahim Dem, soulignent l’importance de l’accompagnement pour éviter un désengagement de la jeunesse face aux institutions.
Le cas de Cléon pourrait ainsi devenir un modèle de référence pour les communes envisageant des solutions mixtes mêlant responsabilisation et pédagogie.
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