Politique
Ruffin au pilori pour avoir refusé le terme « génocide » à Gaza

Ils ont bondi de leur siège en entendant François Ruffin refuser le terme de « génocide » à Gaza, sur le plateau de l’émission Ça ira du journal l’Humanité, ce vendredi 29 novembre, et les réactions choquées, « honte », « hallucinant », n’arrêtent pas du côté de plusieurs députés et figures de la France insoumise.
Député en eaux troubles
« Est-ce qu’il va y avoir une extermination des Palestiniens ? Non. En revanche, il y a une volonté de destruction de la société palestinienne, de sa culture, de son peuple en le faisant éclater en différents lieux ». Voilà de quoi laisser abasourdi le plateau du journal d’extrême gauche. Le député de la Somme, plus à l’aise sur les sujets de précarité nationale qu’en géopolitique, devait pourtant laisser de côté son dernier film (Au Boulot ! avec Sarah Saldman) pour s’exprimer sur le conflit en cours au Proche Orient.
Il rappelle immédiatement : « évidemment nous sommes pour un cessez-le feu immédiat, évidemment nous sommes pour un Etat palestinien, pour arrêter les livraisons d’armes… » « Mais, toutes les grandes institutions parlent aujourd’hui d’un risque de génocide ! » s’offusque la présentatrice. « Le génocide, pour moi, ça signifie l’extermination de tous les habitants, heureusement, on n'en est pas là ».
Thomas Portes, Aymeric Caron…
Le tweet est vu 1.5 millions de fois, et près de mille commentateurs s’insurgent. Mais surtout, les défenseurs du terme génocide sont aussi députés ou eurodéputés : « Plus de 42.000 Palestiniens assassinés, plus de 100.000 blessés, des dizaines de milliers de disparus… Apparemment ce n’est pas assez pour que François Ruffin parle de génocide à Gaza. La honte », s’insurge sur X le député de Seine Saint Denis Thomas Portes.
Aurélien Saintoul, député LFI des Hauts de Seine, lui jette son gant : « En tout cas, pour la Cour de Justice Internationale, [le génocide] c'est très probablement ce qui est en cours à Gaza. Mais c'est vrai qu'ils n'ont pas les lumières de F. Ruffin. » Chez Aymeric Caron, député écologiste, le ton est différent : « Cher @FrançoisRuffin, tu fais erreur sur Gaza en minimisant la gravité de ce qui s’y déroule : La définition du génocide parle d’une destruction d’un groupe "en totalité ou en partie" » : entre collègues (Ruffin siège dans les rangs des écologistes à l’Assemblée), on se parle courtoisement.
"Pourquoi vous ne parlez pas de génocide pour ce qu'il se passe à Gaza ?" @Francois_Ruffin répond à @sco_lumi sur le plateau de "Ça ira !"
L'entretien en intégralité ➡️ https://t.co/Kt0LpmgQ8T pic.twitter.com/eAfaZllmRf
— L'Humanité (@humanite_fr) November 29, 2024
La plus indignée reste évidemment Rima Hassan elle-même : « Ce n’est pas tellement l’avis de Ruffin qui nous importe, mais celui des experts internationaux et onusiens. Il est parfaitement irresponsable pour une personnalité politique de ne pas savoir s’y référer ne serait-ce que par honnêteté intellectuelle et transparence vis-à-vis des citoyens » déclare-t-elle sur X.
Pourtant, Ruffin est loin d’être iconoclaste sur les mesures à prendre : mais pour lui le vrai débat n’était pas là, il « n’est pas dans la sémantique ». Il faut trouver comment la France peut agir. « Si la France voulait présenter une demande de cessez-le-feu à l’ONU, elle le pourrait. Si elle voulait reconnaître un État palestinien comme l’a fait l’Espagne, elle le pourrait. Si elle voulait mettre fin à l’accord commercial entre l’Union européenne et Israël, elle le pourrait ».
Pour @Francois_Ruffin il n’y a pas de génocide à Gaza. Ce n’est pas tellement l’avis de Ruffin qui nous importe mais celui des experts internationaux et onusiens. Il est parfaitement irresponsable pour une personnalité politique de ne pas savoir s’y référer ne serait-ce que par… https://t.co/TAyFstHtji
— Rima Hassan (@RimaHas) November 30, 2024
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