Qui est Mark Carney, le banquier canadien qui succède à Justin Trudeau ?

L’ère de Justin Trudeau s’est achevée cette nuit au Canada avec l’élection de Mark Carney, ancien gouverneur de la Banque nationale, à la tête du Parti libéral canadien. À 59 ans, cet homme sans expérience politique préalable devient ainsi le nouveau premier ministre du pays, succédant à Trudeau, qui a démissionné en janvier 2025 après une décennie au pouvoir marquée par une impopularité record ces dernières années. Pour conserver son poste au-delà des prochains mois, Mark Carney devra remporter les élections générales, prévues au plus tard en octobre 2025.

Dans la course à la succession du président, Mark Carney a affronté Chrystia Freeland, ancienne ministre des Finances et proche alliée. Leur lien personnel est fort – il le parrain du fils de Freeland – et leurs programmes se rejoignaient sur des priorités comme la baisse des impôts pour les classes moyennes. Pourtant, c'est l'ancien gouverneur de la Banque nationale l’a emporté, probablement grâce à son image de technocrate novice en politique. Son parcours de banquier, loin des luttes partisanes, a séduit les électeurs lassés de l’ère Trudeau. Ancien gouverneur de la Banque du Canada de 2008 à 2012, il avait brillé par ses décisions pendant la crise financière mondiale, avant de diriger la Banque d’Angleterre. Ce catholique pratiquant, perçu comme sérieux et non marqué par les échecs du gouvernement précédent, incarne un renouveau pour beaucoup.

Mark Carney se présente comme un homme de solutions. « Je suis un pragmatique. Lorsque je vois des problèmes, je les règle », a-t-il déclaré lors du premier débat. Parmi les héritages de Justin Trudeau qu’il souhaite effacer figurent l’inflation galopante et la crise du logement. 

Pour cette dernière, il propose la construction de maisons préfabriquées à coût modique, une mesure visant à répondre aux préoccupations concrètes des Canadiens. Son profil rassurant et son expérience dans la finance internationale – treize ans chez Goldman Sachs, suivis de postes de haut fonctionnaire – lui ont valu le surnom de « George Clooney de la finance ».

Originaire de Fort Smith, dans le Grand Nord canadien, Mark Carney est le fils d’une institutrice et d’un directeur d’école devenu professeur d’histoire de l’éducation à l’Université d’Alberta. Diplômé d’Harvard et d’Oxford, cet anglophone au français hésitant a adapté son programme pour contrer son rival Pierre Poilievre, leader du Parti conservateur. Pour les élections générales, qui pourraient avoir lieu dès avril ou mai 2025 mais au plus tard en octobre, le leader du parti Libéral a droitisé ses positions. Il a notamment supprimé la taxe carbone sur les ménages, une mesure environnementale impopulaire, dans une tentative de couper l’herbe sous le pied de Poilievre.

Le vainqueur des prochaines élections aura une mission cruciale : tenir tête à Donald Trump. Le président américain, récemment engagé dans une guerre commerciale avec le Canada, a évoqué l’idée d’annexer ce « pays brisé ». Selon un sondage de l’institut Angus Reid publié la semaine dernière, 43 % des Canadiens estiment que Carney est le mieux placé pour affronter Trump, contre 34 % pour Poilievre, dont les positions « anti-woke » rappellent celles du dirigeant américain. Alors que le Canada se prépare à un scrutin décisif, Mark Carney, novice en politique mais fort de son expérience économique, devra prouver qu’il peut transformer son élection surprise en un mandat durable.

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