Antisémitisme : à gauche toute !

Le grand remplacement existe, le grand remplacement a eu lieu. Mais pas celui dont la seule mention transforme tout débat en volée d’anathèmes et de contre anathèmes. Non, le grand remplacement de l’antisémitisme de droite par l’antisémitisme de gauche.

À force de dénoncer le premier, on avait fini par oublier le second, par enterrer sous plusieurs couches de déni les diatribes anti-juives de Marx : « L’essence du judaïsme et la racine de l’âme juive sont l’opportunité et l’intérêt personnel ; le Dieu d’Israël est Mammon, qui se manifeste dans la soif de l’argent. Le judaïsme est l’incarnation des attitudes anti-sociales ». Ou de Jaurès : « Nous savons bien que la race juive, concentrée, passionnée, subtile, toujours dévorée par une sorte de fièvre du gain quand ce n’est pas par la force du prophétisme, manie avec une particulière habileté le mécanisme capitaliste, mécanisme de rapine, de mensonge, de corset, d’extorsion ». Antidreyfusard convaincu avant de tourner casaque sur le tard, le même Jaurès évoqua l’existence d’une « bande cosmopolite », ce qui lui valut une exclusion temporaire de la Chambre des députés.

Autre cas spectaculaire d’amnésie collective de ce côté du spectre politique, les persécutions du régime stalinien envers les juifs, poursuite par d’autres moyens des pogroms en vigueur au temps du tsarisme. Le « Petit père des peuples » n’était pas celui du peuple élu. L’abomination de la Shoah relégua tout ce qui précède à l’arrière-plan historique, sans que ces passions mauvaises ne cessent de travailler en profondeur la pensée dite progressiste.

La création d’Israël leur permit de remonter à la surface. L’antisémitisme prenait le masque de l’anticapitalisme, il se dissimulait désormais sous les apparences de l’antisionisme. Une droite ligne unit la motion de soutien d’Edwy Plenel envers les assassins palestinien