Politique
Richard Ferrand confirmé à la présidence du Conseil constitutionnel

Le 19 février 2025, Richard Ferrand, proposé par Emmanuel Macron pour succéder à Laurent Fabius à la tête du Conseil constitutionnel, a été validé par les commissions des lois de l’Assemblée nationale et du Sénat. Malgré une opposition marquée et un vote tendu, ce fidèle du président prendra ses fonctions en mars, dans un climat de polémique autour de son impartialité et de son profil politique.
Une nomination officialisée
La confirmation de Richard Ferrand comme président du Conseil constitutionnel marque la fin d’un processus lancé le 10 février 2025, lorsque l’Élysée a annoncé sa candidature. Ancien socialiste devenu pilier de la macronie, Ferrand, 62 ans, a occupé des postes clés : secrétaire général d’En Marche en 2016, ministre éphémère en 2017, puis président de l’Assemblée nationale de 2018 à 2022. Battu aux législatives de 2022, il s’était depuis reconverti dans le conseil privé avant ce retour en force.
Le 19 février, après des auditions devant les commissions des lois des deux chambres, son sort a été scellé lors d’un vote. Les trois cinquièmes des suffrages négatifs (soit environ 73 voix sur 122) étaient nécessaires pour bloquer sa nomination. Selon les informations disponibles, Ferrand l’emporte de justesse, avec une abstention stratégique du Rassemblement national (RN) et un soutien limité mais suffisant des macronistes et de certains centristes.
Les arguments du camp Ferrand
Lors de son grand oral, Ferrand a défendu sa candidature en soulignant son expérience institutionnelle. « Je ne suis pas un professionnel du droit, mais un serviteur de la République », a-t-il déclaré devant les députés, vantant ses années au perchoir de l’Assemblée nationale. Il a insisté sur sa capacité à comprendre le « réel » et à garantir la stabilité des institutions, un argument repris par ses soutiens.
Face aux accusations de dépendance envers Macron, il s’est présenté comme « un homme libre », promettant une présidence impartiale.
Une opposition farouche : des critiques qui persistent
La validation de Ferrand n’a pas éteint les controverses. La France insoumise (LFI), les communistes et une partie des Républicains (LR) ont voté contre, dénonçant un « recasage » d’un proche du président dépourvu de compétences juridiques solides. L’affaire des Mutuelles de Bretagne, où il fut mis en examen pour prise illégale d’intérêts avant un non-lieu pour prescription en 2022, a également été brandie comme une tache sur son CV.
Le RN, bien que s’abstenant, a exprimé des réserves, attendant de Ferrand une preuve concrète d’indépendance face à l’exécutif. Des juristes, comme Benjamin Morel, avaient averti avant le vote que cette nomination risquait d’affaiblir profondément la légitimité du Conseil. Malgré ces oppositions, le seuil des trois cinquièmes n’a pas été atteint, permettant à Ferrand de l’emporter, non sans un score serré qui reflète la polarisation autour de sa personne.
Un mandat sous surveillance
Richard Ferrand prendra ses fonctions début mars 2025 pour un mandat de neuf ans, jusqu’en 2034, dépassant largement la fin du quinquennat de Macron en 2027. Sa présidence débutera dans un contexte politique délicat.
Les équilibres internes du Conseil, où siégeront des profils plus techniques comme Philippe Bas, pourraient également influencer son action. Pour beaucoup, sa légitimité restera un point d’interrogation jusqu’à ses premières décisions majeures.
Une nouvelle ère pour les « Sages » ?
La confirmation de Ferrand, ne clôt pas le débat sur la politisation du Conseil constitutionnel. Ses opposants promettent de scruter ses moindres faits et gestes, tandis que ses soutiens espèrent qu’il saura incarner une autorité au-dessus des partis. Ce vote du 19 février 2025, marqué par une tension inhabituelle et illustre les fractures d’une classe politique française divisée.
Ferrand entre rue de Montpensier sous le signe du doute. Sa capacité à transformer cette victoire étroite en une présidence crédible sera le défi des années à venir, dans une démocratie où le Conseil n’a jamais été aussi contesté.

8 commentaires
obln
Pouvez-vous aborder l'abstention du RN en émission ? Je ne comprends pas pourquoi le RN favorise ainsi le copain Ferrand. Est-ce un énième virage à gauche du RN ? Ou est-ce une énième confession du RN pour garder ses chances d'arriver au pouvoir ? Beaucoup de partisans RN sont déçus.
Signaler un abususer_3vB2dqKn
Incompréhensible cette abstention du RN ! Sincerement je pense qu’on ne s’en sortira jamais
Signaler un abusSeb
J'ai regardé car ça m'a énervé également, mais d'après l'article en lien le RN ne disposait que de 18 députés pour s'opposer au vote, et il fallait 74 votes défavorables. J'espère que la raison est là, car en effet cest très énervant et c'est encore suite aux manoeuvres électorales de notre très chère gauche ... Je suis ironique bien sûr ! ( https://lcp-fr.cdn.ampproject.org/v/s/lcp.fr/actualites/nominations-au-conseil-constitutionnel-comment-ca-marche-347573?amp=&_gsa=1&_js_v=a9&usqp=mq331AQIUAKwASCAAgM=#amp_tf=Source : %1$s&aoh=17399712036923&referrer=https://www.google.com&share=https://lcp.fr/actualites/nominations-au-conseil-constitutionnel-comment-ca-marche-347573 )
Signaler un abusSapereAude
[ lien sans les traceurs : https://lcp.fr/actualites/nominations-au-conseil-constitutionnel-comment-ca-marche-347573 ] J'imagine que le RN sait très bien ce qu'il fait politiquement, surtout avec la vague populaire qui le porte en ce moment, et que ses raisons apparaîtrons plus clairement au fil des semaines et jusqu'aux prochaines grandes élections. Je crois aussi que vu l'état de "gauchisme" des mentalités, des médias et de tout le système politique, le RN est une étape nécessaire et qui servira à rectifier (au sens étymologique de redressement et d'exactitude) l'état de la France, avant de pouvoir même envisager l'arrivé au pouvoir d'un parti comme Reconquête, pour lequel je pense être honnête de penser que les français n'y sont pas près du tout, tellement la lobotomie de la gauche est prégnante.
Signaler un abusLibrefiere
Melanchon ne savait rien? Ben voyons..... personne ne savait rien... les 3 singes comme toujours !
Signaler un abusSerge38
Incompréhensible comportement du RN face à un politicard particulièrement retors et profondément véreux ! Comment peut-on espérer faire renaître la confiance et la légitimité ?
Signaler un abususer_NlF9gnkp
Si Ferrand n’avait pas été élu, Macron aurait nommé un autre candidat proche de lui. Comment faire ? Et puis, regardons un peu dernière nous. Quand la droite molle etait au pouvoir, qui etait nommé a la tête du conseil constitutionnel ? Un copain du president en place.
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